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Des récoltes de miel abondantes mais disparates

Les récoltes 2025 de miel français s'échelonnent entre 23 000 et 25 000 tonnes, selon l'Unaf.

Malgré des disparités territoriales, pour la première fois en 20 ans, les récoltes de miel français dépassent les 20 000 tonnes en 2025. La plupart des régions ont bénéficié de conditions climatiques favorables, bien que les dérèglements météo et la prédation du frelon asiatique fragilisent la filière.

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« Ces bons chiffres redonnent espoir, car les dernières années ont été très difficiles », déclare Henri Clément, porte-parole de l’Union nationale des apiculteurs français (Unaf), lors d’une conférence de presse tenue à l’Assemblée nationale le 15 octobre 2025. Après des récoltes en dents de scie ces dernières décennies en France, 2025 affiche une augmentation de 90 % de la production nationale de miel par rapport à 2024, pour osciller « entre 23 000 et 25 000 tonnes. »

De fortes disparités territoriales

Les conditions climatiques printanières « ont été très bonnes de Bordeaux à Grenoble », induisant un bon rendement. Mais les disparités territoriales sont « immenses », souligne Henri Clément. Car les apiculteurs du pourtour méditerranéen, grande zone historique de la production dans le sud-est du pays, n’ont pas eu cette chance. « Ils souffrent de plus en plus des bouleversements climatiques, et 2025 n’a pas échappé à la règle avec de nombreux jours de pluies et de vent », et un été ponctué de périodes de canicule fatales pour les récoltes.

Ainsi, si le volume des miellées de colza et d’acacia est « très satisfaisant », tout comme celui des miellées de montagne, de miel polyfloral ou de tilleul, les récoltes de miel de romarin, de thym, de bruyère blanche ou de Garrigues ont été plus réduites. En Provence, la récolte de miel de lavande s’est avérée « catastrophique », quand elle a été bien meilleure dans les nouvelles régions productrices du centre de la France.

« Des aides pour apiculteurs sinistrés »

Face à la détresse des apiculteurs méridionaux, Henri Clément appelle l’État à mettre en place « des aides publiques pour empêcher la faillite d’exploitations  fragilisées ». Pour l’ancien président de l’Unaf, le dérèglement climatique est « un réel défi qui enlève de la prévisibilité à la filière et touche toute la partie sud de l’Europe. Les apiculteurs sont devenus transhumants, ils se déplacent vers le nord où les conditions météo sont finalement meilleures et bien plus stables avec le temps. »

En plus du climat, la profession doit aussi s’accommoder de l’évolution des paysages où les monocultures, l’absence de haies et la déforestation sont néfastes pour les abeilles. L’utilisation des néonicotinoïdes menace aussi toujours la pollinisation, mais Henri Clément se félicite des actions menées par l’Unaf pour les restreindre depuis des années : « La censure des dispositions sur l’acétamipride dans la loi Duplomb est une vraie victoire pour les apiculteurs, et nous poursuivrons dans cette voie. »

Frelon asiatique : un décret d’application en attente

Mais le nuisible dont la filière ne cesse de parler, c’est encore et toujours le frelon asiatique. Malgré une loi votée en mars 2025 pour endiguer sa prolifération et soutenir les apiculteurs français, un décret d’application manque toujours à l’appel pour mettre en place les mesures opérationnelles et le volet de l'indemnisation. « Certes, il y a eu quelques contretemps d’ordre politique ces derniers mois, mais si nous devons attendre si longtemps, c’est bien que la problématique n’est pas une priorité pour le ministère », lance Pierrick Courbon (PS), député de la Loire et animateur du groupe Abeilles et Apiculture au Parlement.

Et pourtant, selon Henri Clément « il y a urgence ». « Dans certaines exploitations, de 30 à 40 ruches peuvent être décimées en quelques jours. Cela représente parfois la moitié d’un cheptel. C’est dramatique », insiste-t-il, plaidant pour travailler en amont sur le piégeage des frelons au printemps. « Si l’on capture les reines fondatrices à cette époque, il y a bien moins de nids l’année qui suit, et le niveau de prédation reste acceptable. C’est le point crucial du plan à mettre en œuvre », conclut-il.

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